Corse

Tortue caouanne en Corse : ou comment je suis devenue gardienne de nid de tortue marine

L’été 2023 marque une année exceptionnelle pour les pontes de tortues marines en Méditerranée. Plusieurs tortues caouanne, espèce protégée et menacée, sont en effet venues pondre sur nos côtes françaises. En Corse, sur cette île de beauté préservée, des nids de tortues caouanne ont aussi été identifiés, dans le Cap Corse et près d’Ajaccio. Cette chance rare de voir éclore ces précieux œufs a donné lieu à une surveillance intensive de la part de citoyens bénévoles. C’est ainsi que je suis devenue gardienne de nid de tortue.

Je t’emmène avec moi pour te raconter cette extraordinaire aventure, qui permet de se rendre utile pour protéger la biodiversité. Cette expérience unique m’a même donné l’occasion de m’exprimer à la télévision sur la tortue caouanne en corse. Allez prends ton duvet, on dort sur la plage !


Tout a commencé par une annonce relayée sur les réseaux sociaux. Une certaine Maryline lançait un appel suite à l’identification d’un nid de tortue marine sur une plage du Cap Corse. Le but du message : rassembler des volontaires prêts à assurer une surveillance de nuit pour protéger le nid. Quelques secondes plus tard, j’écrivais un message au numéro indiqué. Dans la foulée, me voici rajoutée à un groupe Whatsapp, qui allait s’étoffer de jour en jour jusqu’à compter près de 80 membres. Sur ce groupe ? Des volontaires qui, comme moi, avait répondu à cet appel du cœur. Sans se connaitre, une seule base commune : l’envie de contribuer à la protection du nid jusqu’à l’éclosion des œufs.

Les tortues marines en Méditerranée

Animal emblématique des mers et des océans, les tortues marines ont cet indéniable pouvoir d’attraction. Gracieuses et mystérieuses, elles évoluent dans un monde qui nous est, pour la plupart, totalement inconnu. Outre quelques documentaires animaliers et autres photos pour les plus curieux, il n’est pas donné à chacun d’avoir la chance d’apercevoir un jour cet animal si discret. Pour expliquer cela, son mode de vie tout d’abord, qui la cantonne loin des côtes, à part pour le délicat moment de la ponte. Ensuite, sa rareté, qui la place dorénavant, pour l’ensemble des espèces, à un rang d’animal menacé, parfois dans de dramatiques proportions.

Enfin, le fait que les mers et les océans ne sont finalement que peu visités par l’homme, lorsque celui-ci n’est pas affairé à s’y servir en poissons. Car, évoquons tout de suite le souci : les personnes les plus susceptibles de rencontrer la fascinante tortue marine sont malheureusement les pêcheurs. Ensuite, les vétérinaires chargés de soigner les individus qui auraient croisé les hélices de bateaux, des filets de pêche ou encore des plastiques.

Les espèces de tortues marines en Méditerranée

Tout d’abord, faisons rapidement connaissance avec les espèces de tortue marines présentes en Méditerranée.
On compte 6 espèces de tortues marines en Méditerranée, mais seulement deux espèces qui s’y reproduisent. Les plus rares sont la tortue de Kemp (Lepidochelys kempii), la tortue Imbriquée (Eretmochelys imbricata) et la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea). Cette dernière n’a été identifiée qu’une fois, échouée en 2014.

Les trois tortues présentes en plus grand nombre sont la tortue Verte (chelonia mydas) (que j’avais espéré voir au Mexique), la tortue Luth (Dermochelys coriacea) et la tortue Caouanne (caretta caretta). C’est cette dernière qui a choisi notre plage du Cap Corse pour y creuser son nid, la nuit du 8 août 2023.

La tortue Caouanne : présentation

Oubliez les célébrités en vacances sur la côte. La star de l’été, c’est ELLE. Pas moins de 10 nids ont été identifiés en France entre juin et août, ce qui a jeté un vrai coup de projecteur sur la tortue caouanne. D’une taille d’environ 80 cm à 1 m à l’âge adulte, elle pèse entre 100 et 160 kg. C’est la plus fréquemment rencontrée en mer Méditerranée, mais les chiffres diffèrent tellement que je ne donnerai pas de fourchette sur sa réelle présence dans nos mers. Ce qui est certain, c’est que cette tortue menacée est protégée en France depuis 1991.

Ce statut a sans doute contribué à l’augmentation des sites de pontes et du nombre de nids constatés depuis plusieurs années déjà. Une très bonne nouvelle pour l’espèce, bien que l’on ignore encore toutes les raisons qui expliquent le phénomène actuel.

Tortue caouanne : rare et précieuse




Quelques faits sur la tortue caouanne :

Parmi les choses à connaitre : la tortue caouanne est une grande migratrice et elle peut parcourir plusieurs milliers de kilomètres. Celles vivant en Méditerranée y sont souvent nées, mais viennent potentiellement de loin, jusqu’aux côtes américaines. La caouanne atteint sa majorité sexuelle aux alentours de 30 ans, soit quand sa carapace atteint les 90 cm. Avant cet âge, elle disparait pour ainsi dire des radars et on ignore presque tout de ses premières décennies de vie…Ce reptile doit remonter à la surface pour respirer. Elle vit en haute mer, est omnivore opportuniste et ne s’aventure sur le sable que pour venir y pondre ses précieux oeufs.

La ponte de la tortue Caouanne : un vrai défi

Qui aurait pensé assister un jour à la naissance de centaines de tortillons sur les côtes françaises ? L’exceptionnelle ponte de tortues caouanne de l’été 2023 permet de se familiariser avec cette grande discrète. De réaliser que, sous l’eau, une grande biodiversité se cache. Lorsqu’elle se rend sur la sable pour pondre, d’une à trois fois par saison, tous les deux ans environ, la tortue doit remplir sa mission.

D’abord, déplacer sa lourde carapace sur plusieurs mètres, avant de creuser laborieusement un trou, sur une cinquantaine de cm. Ensuite, c’est le moment de pondre près d’une centaine d’oeufs, avant de les recouvrir, enfin. Une fois ce périple terminé, madame tortue regagne le large.

Les oeufs, eux, entament leur long développement. Pendant 55 jours en moyenne, les embryons se développent, protégés et bien au chaud. Car c’est bien la chaleur qui sera déterminante pour le processus de maturation, mais aussi pour la bonne répartition du sexe des futures tortues. En effet, sous 28°C, les tortillons seront des mâles. Au-dessus de 28°C, des femelles. Enfin, autre aspect fascinant, lors de leur émergence et cheminement vers la mer, les tortillons s’imprègnent de données essentielles à l’identification de cette plage comme leur lieu de naissance. Pour mieux y revenir un jour, peut-être.

Les dangers qui menacent la tortue Caouanne

Afin de saisir l’importance de la protéger, il est essentiel de dire quelques mots sur les dangers qui menacent la tortue caouanne. Je casse tout de suite le suspens : l’homme y est pour quelque chose.
Nous retrouvons donc :

  • Les prises accidentelles dans des filets de pêche
  • Des collisions avec des bateaux et des blessures mortelles ou graves par les hélices
  • La pollution chimique de l’eau
  • L’ingestion de plastique qui provoque des occlusions mortelles
  • Le réchauffement des eaux et la diminution des lieux de pontes
  • Le braconnage encore actif dans certaines régions du monde
  • Les prédateurs naturels des tortues sont essentielles certains requins et les orques.

Les dangers qui menacent les tortillons sont, dans les premiers instants de vie, les prédateurs sur terre, puis dans l’eau comme les gros poissons carnivores, les crabes ou les oiseaux pêcheurs.
Ils devrons ensuite échapper pendant toute leur lente croissance aux nombreux dangers présentés ci-dessus.


Tartaruga : le collectif citoyen de gardiens du nid


Pourquoi protéger le nid de tortue caouanne en Corse ?

La première question qui peut se poser est « Pourquoi et de quoi protéger le nid de la tortue » ?
Dès lors que les œufs sont enfouis dans le sable, plusieurs dangers guettent et compromettent la future éclosion. Tout d’abord, qui dit plage en pleine saison estivale, dit tourisme. La forte présence humaine autour du site de ponte comporte plusieurs risques. Parmi eux, un piétinement important, la nuisance sonore, mais surtout, les parasols plantés dans le sable. Pour cela, une barrière est tout de suite mise en place afin d’isoler physiquement le nid du reste de la plage. Cependant, un périmètre de sécurité n’éloigne ni les animaux, ni les humains trop curieux qui voudraient voir le nid d’un peu trop près, voire creuser. Côté animaux, on peut craindre des chiens en vadrouille ou des renards, mais également des oiseaux type corneilles grises, très présentes ici.

En journée, les probabilités de nuisances directes sont plus faibles et la présence humaine joue un rôle dissuasif. La nuit cependant, une garde rapprochée s’avère utile et préventive. C’est ici que le collectif citoyen intervient.

« Il faut laisser faire la nature »… Vraiment ?

Un mot sur cette fameuse phrase que l’on entend souvent. Il faudrait « laisser faire la nature ». Ma vision est très claire là-dessus. Quand la nature est à ce point mise à mal, il est un devoir de tout faire pour limiter la casse. Nous ne laissons pour ainsi dire plus faire la nature depuis des décennies. Jouons donc un rôle de protecteur, voire de réparateur et ne nous trouvons aucune excuse à l’inaction. Cet argument est bien souvent avancé pour se déculpabiliser de ne pas agir suffisamment, ou encore, pour tenter de freiner ceux qui, eux, n’hésitent pas. Merci bonsoir.

En quoi consiste la garde du nid de tortue caouanne ?

Dans le cas de notre groupe Tartaruga (tortue, en langue corse), nous nous sommes organisés de façon spontanée, rapide et efficace. Depuis la première nuit après la ponte et jusqu’à l’émergence des tortillons, toutes les nuits sans exception sont surveillées. Nous sommes entrés en piste pour notre première nuit le 14 août.
Pour l’anecdote, notre matelas gonflable avait rendu l’âme quelques jours avant. Un adorable couple membre du groupe s’est proposé de nous prêter le sien, à récupérer sur le chemin vers la fameuse plage du Cap, qui se trouve à 1 h de route de chez nous.

Armés de cet accessoire indispensable à cette première nuit, nous arrivons pour nous installer, face à la mer et sous les étoiles. C’est à ce moment-là que Maryline nous rend une petite visite et que nous faisons la connaissance de cette femme énergique et pleine de vie. De courage aussi, même si elle s’en défend. Pour elle, toute cette mobilisation coule de source. Et pourtant…Notre collectif fait figure d’exception, car nous ne sommes ni une association, ni une organisation officielle qui dépend de qui que ce soit. D’une « simple » envie de se rendre utile, puissante et viscérale, des dizaines de personnes ont suivi concrètement Maryline dans son implication sur le terrain.

Un matelas, deux duvets et une centaine d’oeufs à protéger.


La garde du nid de tortue caouanne en Corse

Dans les faits, une nuit de garde s’organise en dormant à proximité du nid, puis en assurant des gardes éveillées par roulement. Les premières semaines, l’éclosion est encore loin, et la présence humaine est avant-tout dissuasive. Bien sûr, nous sommes impuissants face aux quelques concerts organisés par le restaurant très proche du nid. Mais ces soirées plus bruyantes se font heureusement plus rares à mesure que la saison touche à sa fin.


Nous voici donc sur notre matelas confortable, à même le sable, bercés par le bruit des vagues. Un moment mémorable, qui prend fin avec les premières lueurs du jour et un magnifique lever de soleil. Oui, la nuit fut assez fraiche et surtout, humide. Mais c’est une nuit de plus en sécurité pour le nid. Le matin venu, il est temps de se baigner, dans cette eau claire qui accueillera bientôt les courageux tortillons. Mais avant, revoici Maryline pour une visite matinale. Je te la présente ?

Moment d’introspection après la première nuit de garde


Une citoyenne engagée

Quand on rencontre Maryline, elle a les yeux qui pétillent et le sourire sincère. Très vite, elle nous parle de son amour pour cette plage, sa plage, qu’elle connait depuis petite et qu’elle protège depuis de nombreuses années. Elle y venait notamment se baigner et faire du snorkelling avec son père. Aujourd’hui, de retour sur son île, elle ramasse les déchets qui la polluent, elle sensibilise les habitants et, oui, elle s’y baigne encore tous les jours, rejointe par son père de 86 ans. Les voir partir ensemble observer les poissons et les raies a quelque chose de profondément beau et touchant. Un petit goût d’universel, de partage et d’amour, tout simplement.

Cet amour, Maryline le retransmet dans ses combats et actions. Elle avait par exemple par le passé réalisé des affichages à base des déchets récoltés sur la plage et dans l’eau. Armée de son filet, sa pêche quotidienne d’objets en tous genres a servi à fabriquer ces outils de sensibilisation, justement posés à l’endroit où notre chère tortue caouanne s’est rendue pour pondre. Un joli symbole.

Aujourd’hui, animée par son enthousiasme et de sa capacité à rassembler, elle a fait naitre ce collectif de volontaires, sans attendre aucune consigne (mais en informant les autorités, afin d’être en règle). Tous les jours, le planning s’étoffe, les nuits s’enchainent, les gens se rencontrent.

Une journée de conférence a aussi été organisée, avec les interventions Michel Delaugerre, zoologiste spécialisé dans les reptiles et de Nicolas Tomasi, du Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate. Une habitante de la commune qui parvient à rassembler des professionnels et un large public venu pour en apprendre plus sur les tortues marines, voilà une nouvelle victoire. La preuve que l’information circule et peut toucher une large communauté, sur des thématiques essentielles, à la portée de tous.

Retrouve ici l’intervention de Michel Delaugerre


En attendant l’émergence des tortillons

La ponte du Cap Corse a eu lieu dans la nuit du 8 au 9 août. L’éclosion, appelée l’émergence quand les petites tortues atteignent la surface, peut arriver à tout moment entre J+45 et J+65. En moyenne et après avoir récolté les informations des pontes françaises qui ont précédé, on se situe plutôt autour d’un minimum de J+55. La majorité des tortillons a donc été plutôt tardive vers J+60, ce qui laisse à penser qu’il en sera de même pour notre ponte. Il faut savoir que l’émergence peut se dérouler sur plusieurs jours, voire une semaine, entre les tous premiers éclaireurs et les derniers du nid. Place aux pronostics et aux espoirs, que je place autour du 8-10 octobre.

En majorité, les émergences ont lieu la nuit. Mais les journées qui racourcissent et les exceptions étant toujours possibles, une attention accrue est de mise à mesure qu’on se rapproche des J+55.
Les premiers signes d’une éclosion à venir sont un changement au niveau du site même du nid. Un affaissement du sable dénote par exemple que des choses sont en train de changer là-dessous ! Les tortillons doivent ainsi d’abord percer la coquille à l’aide de leur « diamant ». Puis, il sera temps de regagner le sable et d’entreprendre le courageux et parfois périlleux chemin vers la mer.

La course vers la mer des tortillons. Crédit : Julian Wiskemann


Faciliter et sécuriser le chemin vers la mer des tortillons

Ce chemin vers la mer est déjà en soi un parcours semé d’embûches. D’abord, la difficulté de traverser les longs mètres qui séparent le nid de l’eau, à l’aide de ses quatre petites pattes. Les tortillons pèsent en moyenne 15 grammes à la naissance, c’est donc un réel exploit de se lancer dans cette première aventure. Ensuite, les vagues plus ou moins clémentes accueillent les bébés tortues de façon musclée. En parlant de muscles, il pourrait être tentant d’aider les tortillons en les amenant directement dans l’eau. Mais ça serait les priver du travail essentiel de leur musculature naissante, qui se renforce lors de ce chemin difficile, mais nécessaire. Sans ce travail, les tortillons seraient beaucoup trop faibles, voire incapables de nager.

En revanche, là où nous pouvons aider, c’est en balisant au préalable un chemin allant du nid, jusqu’à la mer. De fait, les tortillons, déjà guidés par leur instinct, vont directement dans la bonne direction. Mais surtout, les nuisances extérieures, humaines ou animales, sont tenues à l’écart.
Outre cette aide « matérielle », il est très important de ne pas apporter de sources lumineuses parasites lors de l’émergence. Nous éteindrons donc le spot qui éclaire la plage à l’arrière du nid et nous utiliserons uniquement des lampes à lumière rouge pour les observer. Exit également les flashs des appareils photos ou caméras.

Le chemin de retour vers la mer : droit devant les tortillons !


Une caméra de surveillance…ou pas

Une caméra est cependant prévue dans un « Kit protection tortue » mis à disposition des communes concernées par les pontes. Ce kit est normalement fourni par l’Office de la Biodiversité. Dans notre cas, c’est le Parc Marin qui a installée une caméra braquée sur le nid, pour accroitre la surveillance.

De mon côté, j’avais espoir de me faire prêter un piège photo par une grande enseigne qui commence par Decat. Je me suis donc rendue dans le magasin d’Ajaccio, à 2h30 de route. Un vendeur sympa et concerné m’a indiqué qu’il contacterait la marque qui fourni tous les magasins, car un don de leur part lui semble possible. Après plusieurs semaines d’attente, le vendeur a finalement essuyé un refus pour le don, mais il fait le nécessaire pour m’envoyer un piège caméra du magasin par colis !


Coup de projecteur sur la tortue caouanne Corse

Si les marques spécialisées ne s’intéressent finalement pas à un phénomène rare pour la biodiversité, ce ne fut pas le cas de certains gros médias.
En effet, quel ne fut pas ma surprise de lire un jour sur le groupe qu’une journaliste de TF1 avait entendu parler de notre action et souhaitait nous rencontrer. Là où mon enthousiasme fut immédiat, une bonne partie des membres émettent de sérieux doutes, voire un franc refus. Aie. On touche là une partie sensible de toute action et engagement personnel. De mon côté, plusieurs éléments convergent vers le fait de saisir cette chance de mettre en lumière notre action, ainsi que la rareté et beauté de cet évènement.

« Coup de projecteur » sur le nid. Les médias s’intéressent à notre action !


De façon tout à fait personnelle, j’ai souffert d’un manque d’interêt assez unanime lors d’actions engagées, ou simplement de valeurs qui m’animent. On apprend alors à vivre les choses sans attendre aucune validation, guidée par son unique envie, en essayant de garder sa motivation. Ici, quelques jours à peine après notre organisation de protection du nid, le journal télévisé souhaite nous donner la parole. Ne nous cachons donc pas, comme si tout cela était un non évènement ! Bien sûr, je comprends les réticences et les méfiances. Mais nous sommes là dans une situation positive, décorrélée de débats stériles et autres polémiques possibles. En bref, juste un focus sur une espèce protégée et menacée, et quelques humains qui essayent de faire leur part.


Les nids de tortues caouanne corses à la TV


Concrètement, la petite équipe du journal était constituée de deux jeunes femmes, toutes deux habitant Bastia. Le matin et l’après-midi, elles étaient à Ajaccio, pour couvrir d’autres infos, mais également se rendre sur l’autre site de ponte de tortue. Sur place, elles ont rencontré la scientifique Cathy Cesarini, présidente de l’association CARI (Cétacés Association Recherche Insulaire) et Pierre Moisson, le directeur et vétérinaire du parc animalier dédié aux tortues, A Capulatta. Ces deux intervenants ont donc assuré la partie technique et pédagogiques. Ici, nous étions la caution « coeur et action », car aucune garde du nid d’Ajaccio n’est organisée. J’ai fait au mieux pour être claire, enthousiaste et concise, avec cette envie de présenter au mieux notre démarche. Les gardiens du soir, venus s’installer pour la nuit de garde, ont également été invités à s’exprimer spontanément. L’équipe fut respectueuse et agréable. Ce fut bien sûr beaucoup trop court lors de la diffusion, mais l’essentiel se passe en réel, avec nos gardes quotidiennes.

Evidemment, un long reportage sur les dangers qui menacent la tortue marine et la mer Méditerranée serait idéal. Bien sûr, on a envie de hurler que nous détruisons cet habitat si fragile. Oui, on aimerait un sujet à la fois grave et beau, réaliste et éthique, pertinent et utile. On nous propose ici une vitrine qui, au mieux, contribuera à provoquer un peu d’émerveillement chez le téléspectateur. Celui qui ignore que tant de vie peuple encore nos eaux et s’y bat pour survivre. C’est déjà quelque chose. Tout ça pour dire, que oui, je m’y suis collée, quand Maryline me l’a proposé. Et que de longues heures d’attente et de stress n’auront débouché que sur une toute petite phrase gardée au montage. Le jeu de la TV !


Parler de notre action de gardiens du nid

Après cet épisode télévisuel, tu ne vas pas me dire que j’ai remis ça ? Mais oui madame ! Maryline m’informe cette fois que C8 a prévu un sujet avec le Parc Marin. J’obtiens le numéro de l’intervenant qui sera interviewé et je tente d’en savoir un peu plus. Il m’informe in extremis qu’ils seront sur la plage dans moins d’une heure. Ca tombe bien, il n’y a aucune chance que j’y sois à temps, mais nous partons quand même gaiement. Arrivés là-bas, une partie de l’équipe de tournage de l’émission « Les animaux de la 8 » est déjà en mer avec Nicolas, au centre du reportage.

Je ne ferai qu’apporter une petite contribution en tant que bénévole, mais cela me tient à coeur. Car oui, encore une fois, il me semblait important de partager notre démarche, qui ne dépend d’aucune autre organisation que la notre. Montrer que chacun peut agir, se rendre utile, écouter son coeur et entrer dans l’action. Je ne compte les « j’espère que le nid sera protégé » que j’ai pu lire sous les publications des réseaux sociaux. Au-delà d’espérer, il y a le fait d’agir et nous avons étés les seuls à dormir sur la plage depuis le premier jour.

Face à l’équipe de C8 pour parler de notre action !


Il n’est pas question d’initier une quelconque compétition ici, mais simplement de constater qu’aucune association de terrain ne s’est joint à nous avant les derniers jours, ni n’a même évoqué notre action. Alors, malgré la difficulté de se rajouter où nous n’étions pas prévus, j’ai souhaité porter cette initiative aux yeux de tous. Maryline, aussi impliquée que farouche face à la caméra, ne souhaite pas s’exprimer dans les médias, à mon grand regret tant elle incarne bien ce pour quoi elle s’engage. Son soutien et ses encouragements seront en tout cas precieux lors de mes interventions au pied levé.

Avec Nicolas du Parc Marin et l’équipe de C8


Rendez-vous dans quelques années…

Après toutes ces émotions, nous voici donc, à quelques jours de l’éclosion et de l’émergence, à attendre patiemment les tortillons. Les membres du collectif Tartaruga sont plus que jamais fidèles au poste. Nous sommes là, dans nos coulisses de sable, avec nos différences, notre envie commune d’aider, une sociabilité parfois bien au-delà de la mienne, des divergences parfois. Mais chacun à notre façon, nous aurons contribué à soutenir ces tortues dans leur lutte. Nous ne pourrons malheureusement pas aider les tortillons dans tous leurs futurs combats, eux dont on estime à environ 1 sur 1000 les chances de survie jusqu’à la maturité sexuelle.

Qui sait, peut-être que cette tortue élue, celle qui bravera toutes les statistiques, se rendra à son tour sur cette même plage dans quelques décennies. Si cela devait arriver, nul doute que plusieurs gardiens du nid ressortiront le duvet pour aller dormir à la belle étoile. Ces rêveurs un peu fous raconteront de lointains souvenirs à un tas de sable, pour que les précieux petits habitants nichés dessous dorment bien, jusqu’à leur prochain voyage vers le monde marin…

Illustration de tortue caouanne

Quelques liens utiles

Une des publications de Michel Delaugerre sur les tortues marines en Méditerranée et en Corse
Le site du Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate
Un article de Corse Net Infos qui parle de la ponte de tortue en Corse
Un état des lieux des pontes de tortues marines en France par le Museum d’histoire naturelle de Paris

Ex PVTiste à Montréal de retour en France, minimaliste/multipassions : Viveuse de bonnes aventures qui partage ses périples ailleurs et intérieurs. Espère t'intéresser, te faire voyager, échanger avec toi et changer le monde :)

3 Comments

  • Gaëlle

    Enfin je découvre avec plus de précision cette expérience magique!Par quoi commencer? je crois que déjà merci est pas mal parce que ils sont nombreux,alors je me lance: MERCI déjà pour cette action réalisée par cette équipe suite à l’appel de Maryline,c’est tellement merveilleux d’avoir créé cette chaîne pour se relayer toutes les nuits,milles bravos pour avoir participé à ca je suis extrêmement fière de toi(mais pas étonnée).Merci pour ce superbe article qui nous apprend plus de choses qu’on pourrait l’espérer,Merci de nous faire entrer dans ce merveilleux monde sous marin et de mieux connaître ces tortues 🐢. Merci de nous faire vivre cette formidable expérience avec toi,merci pour tes précisions,pour toute la sensibilité et l’émotion qu’on ressent en te lisant et qui te ressemble tellement.Bref,Merci et milles bravos pour tout, et cet article que je ne regrette pas d’avoir attendu.

    • Marge - My Own Journeys

      MERCI à toi, tu vis aussi cette aventure avec moi, et je ne doute pas que tu m’aurais rejoint sur cette plage pour des nuits mémorables. Rendez-vous dans une vingtaine d’année ma poulette !

  • Alias Chantal

    Encore une belle cause que tu souhaites défendre avec force et ténacité
    Comme tout ce que tu entreprends
    On apprend énormément grâce à ce reportage que tu nous délivres
    Petites merveilles ces bébés tortues
    Bravo pour cette belle initiative, car notre faune se meurt doucement, inexorablement
    Ce doit être absolument extraordinaire
    De participer à cette belle aventure
    Que je vais suivre d’ailleurs avec beaucoup d’intérêt
    Longue vie à vos petites protégées ❤️🙏

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